HINDOUISME:
Quelques 7 à 800 millions d'hindous croient à une longue suite d'existences terrestres qui n'impliquent pas forcément l'immortalité de l'âme mais une absorption en l'Absolu primordial. Leur croyance s'est modifiée au cours du temps mais elle est restée basée sur la loi du "karma" qu'on peut définir comme la loi de justice automatique. Selon la ou plutôt nos vies successives sur terre, nous renaissons meilleurs ou pires et revenons sans cesse, soit sur terre, soit pour certains dans divers cieux ou enfers temporaires. Ce qu'on appelle théologiquement "le salut" consiste seulement pour les hindous à échapper au cycle vicieux des ces perpétuelles renaissances. Telle est, résumée, la croyance générale qu'on trouve dans les "Upanishads", Ecrits sacrés ou plus exactement commentaires philosophiques des "Vedas" (connaissance sacrée) et postérieurs à ces derniers de trois à quatre cent années, les Vedas remontant à plus de mille ans avant J.-C.
En fait cette doctrine de la réincarnation pourrait avoir été créée de toutes pièces bien après les premiers hymnes sacrés des Vedas, car on trouve dans certains d'entre eux des références à une seule vie terrestre qui serait suivie d'une existence immortelle pour l'âme humaine, sur un plan non matériel d'existence. Comment comprendre autrement cette citation : "L'âme se sépare du corps mortel pour se vêtir d'un corps nouveau et plus beau. L'homme sage sera immortel. La mort, c'est déposer l'habit de chair et revêtir l'habit d'immortalité. L'homme qui est juste et bon vivra toujours." (cité par O.P. GHAI dans son ouvrage "Unité dans la diversité".
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BOUDDHISME:
Un peu plus de 300 millions de bouddhistes ont une croyance similaire à celle des hindous à une différence importante : ils ne croient pas à la métempsycose (retour dans un règne inférieur au règne humain, animal ou végétal). Ils semblent également rejeter la notion hindoue de "l'Atman" qui est l'âme humaine ou plus exactement cette substance impérissable qui renaît constamment. Pour eux, la personnalité est constituée de cinq éléments appelés les "Skandhas" qui sont le corps physique, les sentiments, les sens, la volonté et la conscience. Il existe deux grandes écoles principales du Bouddhisme : le "petit véhicule" et "le grand véhicule". Alors que le premier est athée et forme un bloc homogène, le grand véhicule est sensé être polythéiste sous son aspect populaire, et métaphysique sous son aspect philosophique. (Royston PIKE, Dictionnaire des religions). Ce dernier, ajoute-t-il, a été considérablement transformé et a donné naissance à une multitude de sectes et d'écoles. La notion de "karma" n'en subsiste pas moins, ce qui rapproche cette croyance de l'Hindouisme mais avec des nuances et certaines réformes.
Les Ecrits attribués au Bouddha sont sujets à contestation et parfois contradictoires au sens littéral. Nous en citerons trois qui militent manifestement pour une immortalité de l'âme : "Vigilant est le sentier de l'immortalité. Inattentif celui de la mort. Les vigilants ne meurent jamais. Ceux qui ne le sont pas sont déjà comme des morts."
Dans l'Anathapindika-Jethavana (Bouddhisme Catena), on lit : "L'esprit prend possession de tout, non seulement sur terre mais aussi dans les cieux et l'immortalité est le trésor le plus sûr."
Et au 6ème chapitre, verset 31 du "Mahavagga", on lit : "La doctrine de la conquête du Moi, ô Siha, n'est pas enseignée pour détruire les âmes des hommes, mais pour les préserver."
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JUDAISME:
Dans la foi juive, l'eschatologie personnelle n'est pas systématique du fait que cette religion s'intéresse surtout à un Messianisme national qui apportera un règne de paix et de justice au temps de la fin pour ce peuple qui se considère comme le peuple élu par Dieu. Aussi ne trouve-t-on pas mention évidente d'une âme immortelle survivant à la mort pas plus que ce qu'il en subsistera en attendant la résurrection des corps.
On trouve toutefois dans le second Livre d'Enoch (58:5-6) la vision des âmes humaines qui vivent avec les anges déchus dans les cieux provisoires en attendant le Jour du Jugement, et on est surpris d'y lire que même les âmes des animaux seront préservées jusqu'à ce Jour, ce qui peut inciter au même respect de la vie animale enseignée par le Bouddhisme : celui dû à toute forme de vie.
Le Judaïsme réformé aux Etats-Unis a rejeté la résurrection des corps et insiste sur l'immortalité de l'âme. Mais c'est une minorité.
Dans le Deutéronome IV:4, on peut y lire : "Et vous, qui vous êtes attachés à l'Eternel, votre Dieu, vous êtes aujourd'hui tous vivants." Le mot "cimetière" n'existe pas en hébreu, on le traduit par un vocable signifiant "la maison des vivants", ce qui laisse également supposer une immortalité quelconque.
* CHRISTIANISME:
Comme le Judaïsme, le Nouveau Testament ne traite pas directement du sujet et cette foi, la plus répandue sur terre, est centrée sur la résurrection du Christ rédempteur et la résurrection des corps au temps de la fin. L'évangile de Saint-Jean et plusieurs épîtres de Saint-Paul semblent insister toutefois sur l'existence d'âmes célestes immortelles et la résurrection devrait être interprétée dans son sens spirituel de nouvelle vie de l'âme, de "nouvelle naissance" acquise par la reconnaissance de Celui qu'on appelle "le Fils de l'Homme". Au chapitre 3, verset 36 de St-Jean, on lit "Celui qui croit dans le Fils a la vie éternelle ; et qui ne croit pas dans le Fils, n'aura pas la vie …"De même aux versets 25 et 26 du 11ème chapitre de St-Jean, on lit : "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais." Il est clair que les paroles du Christ et ses saints enseignements sont spirituels comme il l'affirme Lui-même de cette façon : "C'est l'esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. (Jean VI:63-64). De toute façon le milliard et demi de chrétiens de par le monde sont convaincus de l'immortalité de l'âme, c'est sur cette forme d'immortalité que les opinions divergent.
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ISLAM:
Contrairement au Nouveau Testament, la révélation du Prophète Muhammad attache une grande importance à l'après vie terrestre. Le terme arabe "al-akhira" qui signifie littéralement "après ici-bas" apparaît 113 fois dans le Coran, le Livre sacré musulman. Mais on verra plus tard combien cette vie posthume est matérialiste pour près d'un milliard de croyants de cette foi. A l'instar des chrétiens, ils attendent tous le grand Jour du Jugement au jour qu'ils appellent "l'Heure" de la résurrection des corps (Ma'ad en arabe). C'est du reste, au dire de presque tous les théologiens, le thème central de la foi islamique.
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FOI BAHA'IE:
La plus récente des grandes religions et pourtant la plus répandue géographiquement après le Christianisme, la foi baha'ie donne des preuves logiques de l'immortalité de l'âme.
C'est ainsi qu'Abdu'l-Baha, successeur et interprète de son Père, Baha'u'llah qui fonda cette foi mondiale, explique : "Aucun signe ne peut résulter d'une chose non existante, c'est-à-dire qu'il est impossible que, d'une chose qui n'existe pas, le moindre signe apparaisse ; car le signe est la conséquence d'une chose, et la conséquence dépend de l'existence du principe. Ainsi, d'un soleil non existant il ne peut briller de lumière, d'une mer non existante nulle vague ne peut naître, et un arbre non existant ne donne pas de fruits… Considérez que chaque être, par le seul fait de la destruction de ses membres, de la décomposition de ses éléments, perd complètement tout effet, toute influence, tout signe, que ce soit un minéral, un végétal ou un animal. Il n'y a que la réalité humaine, l'esprit de l'homme qui, après la désagrégation de ses membres, la dispersion de ses molécules et la destruction de sa composition, continue à donner des signes, à agir et à avoir du pouvoir." Cet argument est subtil en ce sens qu'il faut accepter que toutes ces perfections, attributs ou signes particuliers à l'être humain et qui le différencient de l'animal sont les signes visibles d'un principe invisible et immortel appelé âme ou esprit qui subsiste éternellement. C'est explicable scientifiquement, si l'on considère le microscome. Ainsi le corps, expliquent les chimistes, est un composé d'éléments divers simples, sujet à la désagrégation, donc à la mort. Mais la mort ne détruit que des corps composés, en dispersant leurs atomes. Il en est ainsi du corps humain qui change continuellement pendant sa vie ; son poids, sa vigueur varient, il peut perdre un membre et, à la fin, il meurt. La philosophie naturaliste a établi que ces éléments simples - les atomes – sont immortels et nous savons qu'ils continuent à parcourir le cycle des autres règnes, mais ne sont pas détruits. Si ces éléments naturels sont eux-mêmes immortels, comment l'âme, principe supérieur qu'aucun accident physique n'atteint entièrement, pourrait-elle périr ?
Abdu'l-Baha conclue ces preuves en disant :
"Il est donc clair et établi que l'esprit est autre que le corps et que sa durée est indépendante de celle du corps. Au contraire l'esprit, avec la plus grande gloire, règne sur le corps ; et ses effets, son influence, comme les bienfaits du soleil dans un miroir, sont manifestes et visibles. Mais lorsque le miroir est sale ou se brise, il est privé de la lumière du soleil !"
HINDOUISME:
L'Hindouisme ne semble concerné que par ce qu'on appelle l'eschatologie personnelle qui traite du destin immédiat des âmes justes et injustes après la mort. Or nous avons dit un mot de ce principe de base du "karma" auquel se rattache la doctrine de "Samsara" ou "transmigration". A l'instar des bouddhistes, les hindous pensent qu'il est nécessaire pour évoluer de traverser un nombre variable, mais généralement très important, de renaissances. Chose curieuse, ces renaissances multiples pourraient exister sur différents plans et règnes pour les Hindous car on parle d'un certain nombre de ciels et d'enfers temporaires. Quant aux divers règnes, les bouddhistes ne croient pas à la métempsycose, c'est-à-dire dans le retour de l'âme sous une forme inférieure, animale ou végétale.
Le ciel hindou est très imagé dans les Rig-Veda, il appartient aux âmes qui ont eu une vie vertueuse, ont contribué aux offrandes aux prêtres, suivi la sainte loi et sont morts dans la bataille. Ils vivent dans la lumière perpétuelle d'un autre monde, passent leur temps à boire du "soma", jus de fruits exotiques et aphrodisiaques, du lait et du miel aux sons mélodieux des flûtes.
Des fées à forme de vaches satisfont tous leurs désirs et ils se complaisent dans la compagnie d'ancêtres et de divers dieux hindous, y compris YAMA l'ancêtre commun de l'humanité qui, devenu Roi, juge tous les morts. Ces derniers vivent du reste dans un corps différent de celui qu'ils avaient lors de leurs vies terrestres.
Les Vedas ne mentionnent qu'un seul enfer, profond, obscur, un puits sans fond où les dieux INDRA et SOMA tourmentent, avec des démons, sorciers et conspirateurs, les damnés. Plus tard, les Ecrits hindous inventeront de nombreux enfers, pas moins de vingt et un, plus abominables les uns que les autres, avec force chacals, faucons, hiboux, tigres et scorpions qui grouillent dans un "jardin de supplices" fait d'immondices aux infectes odeurs de pourriture ; tout ceci comme simple avant-goût des souffrances qui les attendent dans leur métempsycose tant attendue que méritée. !
La croyance populaire, ce que les occidentaux appellent "le salut" est pour les hindous et les bouddhistes, d'échapper au cycle vicieux des perpétuelles renaissances et d'atteindre un état de détachement connu sous le nom de "Nirvana". Le passage suivant, extrait de la "Bhagavad-Gita" ou "Chant du Seigneur" et grand classique hindou, peut néanmoins être interprété comme l'acquisition d'une paix éternelle pour l'âme qui retourne à Dieu, ne faisant qu'un avec le Suprême : Celui qui possède la joie et le bonheur internes a trouvé la lumière intérieure ;un tel être (le Yogi) a atteint le Nirvana de Brahman, il ne fait qu'un avec le Suprême et a atteint le Suprême".
Pour ceux qui ont atteint le Nirvana de Brahman, leurs péchés ne sont plus ; leurs doutes sont dissipés : leur âme est en paix, leur plaisir consiste dans le bien-être de tous.
"Ceux qui ont atteint le Nirvana de Brahman sont libres de toute colère et de tout désir, ils possèdent le contrôle d'eux-mêmes, ils connaissent leur âme propre."
* BOUDDHISME:
Peu de différence sur l'après vie terrestre par rapport à l'Hindouisme. L'imagerie de la roue de l'impermanence bouddhiste traditionnelle nous donne une idée de sa philosophie. Cette roue est tenue par la bouche de MARA, le démon de la mort ou "impermanence". Sur le cercle extérieur figurent les douze conditions préalables qui sont la cause des renaissances. Plus à l'intérieur figurent six royaumes de renaissance, à savoir : l'enfer, le règne animal, le règne humain, le ciel, le règne de titan et celui des esprits affamés. Enfin tout au centre figure l'illusion et le détachement de tout désir. Pour atteindre éventuellement le nirvana, le chercheur doit suivre la route des huit conditions qui sont la vision juste, l'intention droite, le discours juste, l'action juste, la vie juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste. Après avoir surmonté l'ignorance, la sensualité et le désir ardent de renaissance, ces trois intoxications, le yogi atteint six perfections constituées par la sagesse, la moralité, la charité, l'indulgence, l'effort et la méditation. Ce n'est qu'alors qu'il a une chance d'atteindre ce fameux nirvana qui, selon certaines définitions, est le contraire du néant, une bénédiction totale.
Parmi les nombreux paradis bouddhistes, il y a celui d'Indra, à la végétation luxuriante et aux six saisons par an. C'est un lieu où fleurissent les lotus rouges et bleus, où croît l'arbre corallien aux murmures harmonieux d'oiseaux enchanteurs. De luxurieuses servantes compenseront l'austérité terrestre des hôtes de ce paradis temporaire.
L'enfer est très proche de celui des Hindous ; dans le canon Pali on y voit toutes sortes de tourments épouvantables où les corps sont consumés par du fer et du cuivre à l'état de fusion, alors que des lames de rasoir les découpent en fines rondelles. Comme pour le ciel, il existe de multiples enfers provisoires destinés à purifier l'âme du pécheur avant de retourner sur terre.
Pourtant d'autres passages peuvent être compris d'une façon plus spirituelle, tel celui-ci : Celui qui agit mal souffre en ce monde, il souffre dans le prochain ; l'homme qui fait le mal souffre dans les deux mondes ; il souffre et se lamente, lorsqu'il voit le mal qu'il a fait."
* ZOROASTRISME:
Cette foi monothéiste qui naquit en Perse vers l'an 1000 avant Jésus-Christ a une eschatologie nouvelle pour son époque : elle parle – et sans doute pour la première fois – d'un jugement universel pour la fin des temps, mais aussi du jugement individuel à la mort. C'est la religion des bonnes pensées, des bonnes paroles et des bonnes actions qui mènent au ciel, alors que les mauvaises pensées, paroles et actions conduisent le pécheur au purgatoire ou en enfer. On croit aussi à la résurrection des corps.
Dans les "Gathas", hymnes attribués à son fondateur, le Prophète Zoroastre, on possède un récit coloré du destin de l'âme immédiatement après la mort. Le défunt doit emprunter le pont "Chinvat", ou pont du comptable ou du Juge qu'est Zoraostre, pont qu'il pourra traverser ou non selon la vie qu'il aura mené sur terre. S'il a bien vécu, il verra Dieu dans toute sa majestueuse grandeur ; s'il a mal vécu, il sera tourmenté par le froid et l'obscurité intense du purgatoire ou de l'enfer. Cette foi étant basée sur un Dieu de lumière (Ahura Mazda), le feu est considéré comme sacré, les rites parsis se déroulent dans des temples du feu et l'enfer du feu ne saurait exister. L'enfer zoroastrien est un état provisoire de réhabilitation dans l'attente du jugement final à la fin des temps où Shah Bahram, le Sauveur, viendra juger définitivement le monde.
* JUDAISME:
Il existe également dans la foi juive un "Jour du jugement". On lit dans Enoch II:39/1 que tous les hommes seront jugés lors du "Jour du jugement", "le grand Jour du Seigneur" (18:6), "le grand Jugement" (58:5 & 65:6) ou enfin "le jugement éternel" (7:1). Mais dans l'attente de ce Jour promis, les âmes des défunts vont au jardin d'Eden ou dans la Géhenne. A l'origine, aucune mention d'un jugement personnel n'existe dans la Bible hébraïque, on n'y parlait que d'un endroit lugubre et obscur appelé Shéol où les âmes étaient sensées dormir jusqu'à la résurrection. Ce n'est que peu à peu, sous l'influence peut-être des Ecrits de Zoroastre qu'est apparue la notion de ciel et d'enfer comme lieu de rétribution des actions terrestres ?
Cette existence latente dans le Sheol est marquée par l'inactivité et la stagnation : "…il n'est plus d'oeuvre, ni de pensée, ni de science, ni de sagesse dans le séjour des morts où tu vas", lit-on dans l'Ecclésiaste IX:10. Job indique même que c'est un lieu de non retour (VII:9 et XIV:12). Salomon en parle comme d'un endroit d'oubli (Psaume 88:12), de silence (94:17) et Daniel en fait probablement allusion dans le douzième chapitre où il dit que "le livre sera scellé jusqu'au temps de la fin" en parlant de "ceux qui dorment dans la poussière".(versets 4 et 2). Ce Sheol juif est divisé en trois compartiments, le premier pour les justes, le second pour les pécheurs qui n'ont pas été punis sur terre et le dernier pour ceux qui ont été punis sur terre. Seuls les habitants du dernier compartiment resteront éternellement en ce lieu alors que les autres en sortiront pour le grand Jour du Jugement.
Le patriarche Enoch parle de sept ciels. Le jardin Gan Eden serait l'endroit où vécurent Adam et Eve avant leur chute. Certains auteurs ont situé ce "paradis terrestre" en Irak près de l'Euphrate.
* CHRISTIANISME:
Le Nouveau testament ne donne pas de détails sur le destin de l'âme après la mort. Ce sont surtout les Pères de l'Eglise qui, au fil des temps, ont élaboré diverses théories sur les lieux d'attente des âmes en attendant le Jour de la Résurrection, croyance qui fait presque l'unanimité des chrétiens d'Orient comme d'Occident. Au jour du Jugement dernier, les livres seront ouverts et chacun sera jugé selon ses oeuvres. Voir l'Apocalypse de Jean XX:12 et divers passages de Paul (I Corinthiens VI:9-10 ; aux Galates VI:7 ; II Corinthiens V:10 et Romains XIV:12) ainsi que Mathieu XVI:27. Mathieu, au chapitre XXV, verset 46, donne en effet le critère du Jugement, à savoir que les justes auront la vie éternelle au Royaume de Dieu tandis que les méchants subiront un châtiment éternel.
Entre le ciel pour les justes et l'enfer pour les méchants, se trouve un purgatoire qui, suggéré par Saint Augustin, a été accepté comme dogme au sixième siècle par Grégoire-le-Grand. Son objet est la purification des pécheurs par des prières et des messes pour les défunts ainsi que l'achat "d'indulgences" – en vertu du surcroît des mérites acquis par le Christ – qui abrègent le temps de purification. Mais quelques cent cinquante millions de chrétiens orthodoxes ne croient pas au purgatoire de l'Eglise catholique. Et c'est en partie à cause du "commerce scandaleux" de ces "indulgences" que naquit la Réforme protestante.
Le ciel chrétien est nettement plus spirituel que celui des religions orientales, même s'il y a des nuances selon les auteurs. Par exemple, selon Thomas d'Aquin, on y trouve d'abord les martyrs, puis les saints, vierges et célibataires, et derrière ces derniers les théologiens. Les premiers ont en effet vaincu le monde, les vierges la chair et les docteurs le diable !
Le ciel le plus poétique est décrit par le grand visionnaire DANTE dans son "Paradiso" baigné de lumière et de chants d'amour. On y trouve "la rose éternelle, éployée en gradins et exhalant un parfum de louange au Soleil qui engendre un perpétuel printemps". Là, règne l'amour divin, "l'Amor che muove il sole e l'altre stelle", l'amour qui meut le soleil et les étoiles.
Par contre, dans son "Inferno", DANTE est conduit par Virgile à la porte de la cité des pleurs et "dans l'air sans astres s'élevait un murmure de plaintes, de soupirs et de profonds gémissements". Divers lieux y sont mentionnés, jusqu'à celui où gît Judas le traître, la tête en bas dans une des trois bouches géantes de Lucifer, avec ses pieds qui gesticulent en l'air.
L'enfer chrétien, peut-être inspiré de la géhenne des Juifs, est un lieu de "pleurs et de grincements de dents" où se rendront pour l'éternité les abominables, les meurtriers, les proxénètes, idolâtres et menteurs. Un seul des sept péchés capitaux commis sur terre peut justifier de cet enfer perpétuel.
En réalité, si on considère plusieurs passages du Nouveau Testament, on peut en conclure que, de même qu'il s'agit d'une résurrection spirituelle comme on l'a vu, il s'agit aussi, pour le ciel et l'enfer, d'états spirituels plutôt que de lieux physiques comme l'enseigne du reste maintenant l'Eglise chrétienne. Ainsi, dans St-Jean XVIII:36, on lit que le royaume de Dieu n'est pas de "ce monde". Pierre et Paul le confirment en indiquant que nos corps physiques (la chair et le sang) ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu. Et Jésus explique clairement la différence entre le monde matériel et spirituel en affirmant qu'aucun homme ne peut monter au ciel si ce n'est celui qui en est descendu, même le Fils de l'homme qui est au ciel (Jean III:13), passage qui fait dire à certains exégètes que la résurrection du Christ ne peut être que spirituelle, puisque le corps du Christ venait de Marie, mais son esprit du royaume céleste.
* ISLAM:
Un parallèle intéressant est donné par Farnaz Ma'sumian, dont nous tirons l'essentiel de cette esquisse. (Life after death, Editions Oneworld, Oxford) entre l'enseignement de Zoroastre et celui du Prophète d'Arabie sur la vie après la mort.
Ainsi, dans les textes de l'Avesta et dans la littérature Pahlavi, l'âme du défunt reste 3 jours et 3 nuits près du corps dans l'attente du jugement individuel. Pour les musulmans, l'âme, après la mort, reste en "Barzakh", un état de répit dans la tombe pour y être interrogée par deux anges de la mort. Ensuite, dans ces deux religions, il existe deux jugements, l'individuel et l'universel. Les premiers, après cette période de répit, doivent traverser le pont Chinvat tandis que les seconds empruntent le pont appelé Sirat, tous deux aussi fins qu'une épée. Les juges sont Zoroastre ou des juges désignés dans le premier cas, et Allah dans le second. Il y a toutefois une différence importante entre les deux doctrines : c'est que ciel et enfer sont des lieux provisoires pour les Zoroastriens, dans l'attente de la réhabilitation finale, tandis que l'enfer des musulmans est permanent pour les idolâtres et les infidèles.
Le paradis musulman ressemble par contre à celui des hindous : il comporte sept ciels de béatitude céleste, tous plus luxurieux les uns que les autres. Les élus y boivent un salsabil de premier choix, allongés sur des couches moelleuses en compagnie de superbes filles aux yeux noirs et aux seins d'albâtre. Au nombre impressionnant d'esclaves, de vierges et de célestes Houris qui sont mis à leur disposition, on suppose qu'il s'agirait plutôt du paradis éternel qui sera le lot des croyants après le jugement dernier universel.
On trouve pourtant certains passages dans le Coran ainsi que dans des traditions dignes de foi où ce paradis serait non pas matériel mais spirituel, ainsi ce passage de la 75ème sourate, versets 22 et 23 : "Ce jour-là, il y aura des visages qui brilleront d'un vif éclat et qui tourneront leurs regards vers leur Seigneur".
L'enfer d'Alla, par contre, diffère de celui des chrétiens par le fait qu'il est éternel pour deux groupes de pécheurs, à savoir les idolâtres (mushrik) et les infidèles (kafir). L'Islam est farouchement monothéiste et considère même les chrétiens comme des polythéistes à cause de leur "Trinité".
L'enfer des impies est terrible, il possède aussi 7 compartiments plus horribles les uns que les autres. Les corps des damnés ont leur taille agrandie pour offrir plus de prise aux diverses tortures : le feu y est d'ailleurs soixante-dix fois plus chaud que la terre, les corps enchaînés sont rôtis à souhait, les visages sont couverts de poix et de soufre, épines et chardons ne peuvent apaiser la faim, pas plus que les fontaines d'eau bouillante ne peuvent désaltérer ces misérables. Sans parler des serpents et scorpions qui s'attaquent à eux pour faire diversion. Voir, pour plus amples détails, les références coraniques suivantes :VII:178 ; XLVI:33 ; L:29 ; LXXII:15 ; LXVIII:21-33 et LXXXIX:24.
* FOI BAHA'IE:
Baha'u'llah, le Prophète fondateur de la foi baha'ie, donne de nombreux détails sur la vie de l'âme après la mort. Etant donné que les enveloppes physiques et charnelles n'existent plus, l'état de l'âme après la mort est un état spirituel et les descriptions matérielles des récompenses et châtiments des âmes dans les autres croyances sont, pour les baha'is, des images et analogies pour frapper l'imagination des peuples dont la maturité n'avait pas atteint son plein développement.
Ainsi, nous lisons ceci : "Il est clair et évident qu'après leur mort physique, tous les hommes prendront conscience de la valeur de leurs actes et comprendront pleinement ce que leurs mains auront forgé …Au moment où ils quitteront cette vie, les fidèles du seul vrai Dieu éprouveront une joie et une allégresse impossibles à décrire, tandis que ceux qui auront vécu dans l'erreur seront remplis d'une consternation sans égale et saisis de crainte et de tremblements dont on ne peut se faire une idée… Les âmes des infidèles – et cela, je l'atteste – au moment de rendre à Dieu leur dernier souffle, prendront conscience de toutes les bonnes choses qu'elles auront négligé d'acquérir. Elles se lamenteront sur leur sort et s'humilieront devant Dieu, et elles continueront à le faire après qu'elle auront quitté leur corps."
Enfer et ciel sont donc un état d'éloignement ou de proximité de Dieu pour tous, selon la vie terrestre qu'ils auront menée, sans considération de sexe, d'ethnie, de nationalité, de classe sociale ni même d'étiquette religieuse ! L'âme garde son individualité, se souvient de sa vie terrestre et des proches et amis avec qui elle entretient des relations télépathiques spirituelles et découvre tous les mystères qui lui étaient cachés ici-bas.
A l'instar de la révélation de Jésus qui expliquait qu'il y avait plusieurs demeures dans la Maison de Son Père, les baha'is apprennent qu'il y aura aussi des différences de station dans les mondes divins, selon les mérites de chacun et l'incapacité de saisir adéquatement la station des âmes qui occupent un niveau supérieur au leur. L'immortalité de l'âme est rattachée à son évolution car de même que la vie végétale est pour ainsi dire inexistante par rapport à la vie animale ou humaine, la vie des êtres inférieurs est inexistante par rapport à celle des saints. Abdu'l-Baha, le fils et interprète des enseignements de Baha'u'llah, explique ceci : "Sache que l'immortalité est réservée aux âmes dans lesquelles a été insufflé l'esprit de vie qui émane de Dieu. Toutes les autres qui sont dénuées de vie sont les morts comme l'a expliqué le Christ dans le texte évangélique. Celui dont le Seigneur a ouvert les yeux verra les âmes des hommes dans les rangs qu'elles occuperont après leur séparation des corps. Il trouvera les âmes vivantes prospérant à l'intérieur du royaume de leur Seigneur et les âmes mortes enfouies dans les plus profonds abîmes de la perdition."
* HINDOUISME:
Nous avons vu que le but ultime de la croyance hindoue est d'échapper au cercle vicieux du cycle des renaissances. Le seul moyen est de réaliser l'unité essentielle de toute existence. Ceci s'acquiert par la lecture des Vedas et par la méditation, le jeûne, la foi, le sacrifice, l'ascétisme et le célibat. On devient alors un "Muni" (sage silencieux) et on obtient "Moksha" ou libération de tout désir du monde, de la crainte, de l'ignorance, du mal et de la souffrance. Chaque chose apparaît alors comme l'âme qui brûle tout mal. Libéré du mal, de l'impureté, du doute, on devient alors un "Brahman" (extrait d'Upanishads). Le Brahman apprécie une vie de paix et de tranquillité tandis qu'il est encore sur terre, et à son départ de ce monde, il obtient la libération (moksha) et son âme (atman) est alors complètement immergée dans l'âme suprême, comme le sel qui ne se sépare jamais de l'océan.
Il existe 6 écoles classiques de l'Hindouisme qu'on peut rattacher à 3 catégories distinctes :
- union de l'âme avec le Brahman (par la méditation et le yoga)
- universalité de Brahman où l'âme se fond : philosophie très panthéiste.
- Le Brahman, dieu personnel et créateur.
Ces écoles correspondent aux trois chemins suivants : le chemin de la connaissance (Jnana-marga), celui de l'action désintéressée (Karma-marga) et le chemin de la dévotion (Bhakti-marga).
Krishna, dans la Bhagavad-Gita, enseigne qu'un obstacle à l'évolution est l'attachement qu'on porte aux récompenses de nos actions. Cette idée se retrouve également dans la Foi baha'ie et le détachement des choses terrestres en général est un précepte commun à toutes les religions du salut. "C'est pourquoi, sans attachement, fais constamment l'oeuvre qui doit être faite ; car en accomplissant l'oeuvre sans attachement, en vérité l'homme atteint le bien suprême". (Gita, chant III: 19).
La troisième école, celle du chemin de la dévotion, est la plus mystique ; c'est l'union de l'âme par le détachement du monde et l'adoration de Krishna, le dieu créateur suprême. (Gita, chant IX:22 à 34). On a même comparé cette philosophie au Christianisme.
La cosmologie hindoue est assez complexe et porte à de nombreuses spéculations dont l'étude déborderait le cadre de cette esquisse. Ainsi la théologie des "kalpas" ou "ères cosmiques" est postérieure à l'époque védique, chacun de ces kalpas étant conçu comme embrassant la durée d'un monde, de la création à la dissolution, et équivalant à une journée de la vie du Brahman. Il contient à son tour 1000 "grands âges" se subdivisant chacun d'eux en quatre "âges" ou yugas, les bons succédant aux mauvais (guerres, fléaux) depuis 3 millénaires avant J.C. jusqu'à l'heure actuelle. Chaque dissolution d'un cycle ou expiration de Brahman sera suivi de l'éclosion d'un nouvel oeuf cosmique, un nouvel inspir de la vie de Brahman.
Pour conclure sur ce chapitre de l'Hindouisme, retenons qu'en près de 40 siècles d'existence, cette religion s'est transformée à un tel point qu'il est difficile de remonter aux sources de l'enseignement du fondateur. Sri Aurobindo, dans son commentaire des verset 7 à 10 du quatrième chant de la Bhagavad-Gita, explique le rôle primordial des "Avatar" – manifestations de la nature divine, tels que Jésus ou Bouddha – qui est d'élever la conscience humaine vers une conscience divine afin d'atteindre "une nouvelle naissance" dans le divin.
* LE BOUDDHISME:
On a comparé la mort du Bouddha, serein et détaché, à celle de Socrate, décrite dans le Phédon. Sa doctrine est extrêmement simple, c'est celle des quatre vérités, à savoir : tout est douleur en ce monde, tout malheur découle d'un éternel vouloir-vivre, la nécessité donc de s'en détacher et enfin la noble voie des 8 vertus citées au précédent chapitre. Le credo bouddhiste est la simplicité même : "Je mets ma confiance en Bouddha. Je mets ma confiance en la Loi. Je mets ma confiance en la Communauté.
Le Bouddhisme est surtout apparu comme une Réforme de l'Hindouisme dont il a souligné l'incompatibilité entre l'atman-brahman et le samsâra. Le monisme originel brahmanique ne pouvant expliquer la pluralité des existences, Henri AVRON, dans son étude sur le Bouddhisme, affirme : "étant donné que notre salut dépend de la causalité du karma, il est oiseux, voire nuisible, de se livrer à des spéculations métaphysiques. "Ce sont les expériences faites par nos sens qui nous révèlent le karma", explique-t-il ; une fois cette connaissance empirique acquise, il sera facile à notre esprit de trouver la voie pratique de la délivrance. Bouddha rejette l'âme universelle et ignore l'âme individuelle. Cependant les fils de lâkya, i.e. les bouddhistes, pensent que la révolution du monde (dans le sens de l'univers, du cosmos), n'a pas de commencement.
* ZOROASTRISME:
L'avenir de l'âme, chez les défunts parsis, commence le quatrième jour après la mort puisque l'âme reste près du corps durant trois jours et trois nuits. Si, sur la "balance", les bonnes actions pèsent plus lourd que les mauvaises, l'âme traverse facilement le pont Chinvat et se rend au paradis jusqu'au jugement universel. Là, elle peut contempler la majesté divine dans un lieu de béatitude et de lumière permanente. Une jeune adolescente de quinze ans, attirante de fraîcheur et de beauté, l'accueillera et lui présentera des fruits frais, des fruits secs, sous des arbres aux doux parfums. "C'est comme s'il soufflait un vent du Sud, oui, de ces contrées du Sud, et l'odeur en est suave, plus suave que celle des autres brises". (rapporté par le R.P. MASANI dans son ouvrage élogieux sur "le Zoroastrisme, religion de la vie "bonne"). Mais si le fléau de la balance des actions terrestres penche du côté des mauvaises paroles, pensées et actions, le mort ne peut pas traverser le pont qui l'amène au jardin des délices et il sombre dans l'enfer où souffle un vent glacial d'odeur nauséabonde, le redouté vent du Nord (Hadhokht, Nask 25). Les démons sont les compagnons de ces damnés provisoires en attendant la réhabilitation finale promise. Si la balance ne penche ni d'un côté ni de l'autre, l'âme se rend dans une sorte de purgatoire appelé "Hamestagan" pour y attendre également le Jugement dernier.
La religion de Zoroastre est finalement optimiste, car elle croit en un monde meilleur et juste sur terre après que le règne du mal aura succombé, c'est-à-dire lorsque, après une période de 3000 ans, le Sauveur, appelé Saoshyant chez les parsis de l'Inde ou Shah-Bahram pour ceux d'Iran, sera venu purifier notre terre et rétablir la justice dans un monde rénové.
Mais il existe aussi un Royaume du Ciel où trône Ahura Mazdâ, le dieu du bien et de la lumière. Le prophète demande par cette prière le bonheur et l'immortalité pour les justes, de la part du Père céleste : "A celui-là, accorde prospérité, bonheur et immortalité. Tu lui donneras une perpétuelle communion avec la Vérité et le Royaume du Ciel. Tu lui donneras, pour le soutenir, la force du bon Esprit." (cité par D.J. Irani, dans "The divine songs of Zarathustra).
La mort ne met pas fin aux rapports entre le défunt et les membres de la famille qui survivent car l'esprit s'intéresse toujours aux vivants. Il y a échange d'influence entre les âmes désincarnées et les vivants par les prières influentes pour les premiers et par les prières, actions charitables et pieuses pour les seconds. "Une bonne action vaut mieux que dix mille récitations ou prières" est-il écrit (Yama, Ha, XVI:7). Toutes les vertus individuelles et sociales sont préconisées dans cette foi ancienne : charité, générosité, compassion, hospitalité, pureté, chasteté, éducation, lutte contre le mal, horreur du mensonge, de la calomnie et de la médisance, justice accompagnant la sincérité. L'accent est mis sur la véracité en toutes choses. Bonté envers les animaux, travail élevé à une forme d'adoration, égalité des droits des deux sexes, réforme de la société et prières pour les disparus.
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JUDAISME:
Comme on l'a déjà vu, cette foi étant avant tout une foi nationaliste, théologiens et rabbins n'étaient pas enclin à philosopher sur l'âme et sur la vie future. Ils pensaient que puisque le corps et l'âme vivent ensemble, si le corps meurt, on n'est plus qu'un demi-vivant : la résurrection charnelle leur semblait donc un article de foi.
Dans le livre ancien du Zohar (splendeur) qui aurait été révélé par le prophète Elie et qui est un commentaire allégorique du Pentateuque (les 5 premiers Livres de l'Ancien Testament), le mort passe dans l'au-delà avec son cortège de visions, de lumières et il est accueilli par des amis. L'Ecclésiaste dit d'ailleurs textuellement que "le jour de la mort est préférable au jour de la naissance" (VII:1)
Après la venue du Messie de gloire qui doit rétablir les juifs dans leur pays, après de grandes crises et calamités sur toute la terre, Yahwe exterminera les Juifs pécheurs par la peste et par l'épée, et après le jugement universel, enverra les mauvais dans la géhenne pour y brûler éternellement, tandis que les justes pourront contempler indéfiniment la grande Gloire du Seigneur.
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CHRISTIANISME:
Contrairement au Judaïsme, l'eschatologie chrétienne est très claire. Adam et Eve ayant commis le "péché originel" au jardin d'Eden en désobéissant à Dieu, sont coupables ainsi que tous leurs descendants. Mais, dans Sa grande Miséricorde, Dieu a envoyé sur terre son Fils unique Jésus-Christ qui, par Sa mort sur la croix et Sa résurrection, a racheté l'humanité de ce péché et permis à celles et ceux qui ont reconnu ce divin Envoyé de Dieu de posséder la vie éternelle. C'est du moins la croyance commune à plus d'un milliard et demi de chrétiens, dont 20 à 25% croient, à l'instar des hindous, à la réincarnation.
Mais presque tous croient à la parousie, c'est-à-dire au retour du Christ "dans la gloire de Son Père", qui doit revenir en temps et lieu voulus et après certains signes caractéristiques, pour "juger les vivants et les morts" comme il est dit dans le Credo catholique. Le temps de ce retour varie selon les exégètes et Paul pensait que ce serait même de son vivant. Les adventistes, se basant sur une prophétie de Daniel, ont avancé la date de 1844 de l'ère chrétienne. Le lieu serait situé en "Elam", une province de Perse. Un des premiers signes précédant ce retour serait la déchristianisation, le second la venue d'un Anti-Christ qui serait un imposteur accomplissant des miracles. D'autres signes sont également mentionnés dans la Bible comme le retour des Juifs dans leur pays, les guerres et bruits de guerre sur toute la surface de la terre (Mathieu XXIV:6). Au jour du Jugement, Paul envisage même une "destruction éternelle" (II Thessaloniciens:I:9) pour les méchants tandis que les justes hériteront éternellement du Royaume de Dieu avec Christ.
Certains passages d'épîtres de l'apôtre Paul indiquent qu'il est possible d'entrer dans ce Royaume de Dieu alors qu'on est encore sur terre (Colossiens I:13 ; Ephésiens II:6). Selon Mathieu (XXIV: 42-44) et la seconde épître de Pierre (III:10), le jour du Seigneur doit venir comme "un voleur dans la nuit" et le monde sera détruit par le feu pour céder la place à de nouveaux cieux et une nouvelle terre (verset 13). Mais c'est Jean qui, dans son Apocalypse, donne le plus de détails et distingue clairement les deux résurrections, avec son millenium du Christ inexistant chez les autres narrateurs.
Lors de la première phase, Jésus revient pour détruire l'Anti-Christ et ses comparses et emprisonner Satan pour une période de mille années (Rév. XX: 1-3) : c'est la première résurrection. Seuls les martyrs chrétiens qui ont sacrifié leur vie pour leur apostolat ressuscitent pour mille années, tous les autres restant morts (XX: 4-5). Lorsque après mille années, Satan est relâché de sa prison et qu'il a réuni une immense armée, il s'approche du royaume messianique, Jérusalem, mais il est détruit par le feu du ciel qu'envoie alors Dieu, et Satan finit pour toujours dans un lac de feu (XX:7-10). La seconde résurrection a lieu, durant laquelle tous les autres morts ressuscitent et reçoivent leurs récompenses selon leurs oeuvres. Elle est identique à celle des zoroastriens, des juifs et des musulmans (XX:12). On connaît cette vision poétique du sort des justes : "Et j'entendis du trône une voix forte qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu." (XXI:3-4).
Ecoutons, pour clore ce chapitre, la pensée du professeur de théologie américain James Thayer ADDISON dans son livre "La vie après la mort dans les croyances de l'humanité" : "Partout où il y a de la vie, il doit y avoir croissance et partout où il y a croissance, il ne peut y avoir de catégories permanentes comme celles qui servent à classer ce qui est immobile…Au classement rigide se substituera le processus d'une Rédemption graduelle et sans terme. Et Dieu trouvera sa divine satisfaction non point dans le spectacle de deux groupes éternellement séparés que composeront les élus, d'une part, et les damnés, de l'autre, mais dans l'infatigable effort de son amour pour remplir la mission qu'il s'est assignée : ramener à lui les égarés, sauver ceux qui semblaient perdus." Nombreux sont les penseurs contemporains qui partagent l'opinion de ce grand professeur chrétien.
* ISLAM:
L'Islam Shi'ah (ou chiite) – cette partie des musulmans qui reconnaît le gendre de Muhammad, Ali, comme successeur de droit divin du Prophète et après lui, les douze Imams – croit que la résurrection générale de l'humanité sera précédée de la venue d'un Mahdi (Messie dans la tradition judéo-chrétienne) qui vaincra l'oppression et la tyrannie et remplira la terre de justice et d'équité.
Ce Madhi sera de la lignée du Prophète Muhammad et d'une grande sainteté. Il viendra de la province de Khurasan en Perse et se dirigera avec ses partisans portant des étendards noirs vers le centre du Caliphat. D'autres signes sont également décrits : l'apparition de Gog et Magog, la venue de la Bête, la fumée qui couvrira la terre plusieurs jours et trois éclipses dans l'Est, l'Ouest et la péninsule arabique. Immédiatement avant la résurrection, l'ange Israfil fera retentir deux sonneries de trompette : "Et l'on sonnera la trompette, et tout ce qui est dans les cieux et sur la terre expirera, excepté ceux que Dieu voudra laisser vivre ; puis on sonnera une seconde fois, et voilà que tous les êtres se dresseront et attendront. Et la terre brillera de la lumière de son Seigneur, et voilà que le Livre est déposé, et que les prophètes et les témoins sont mandés, et que la sentence sera prononcée avec justice, et que nul ne sera lésé. Et toute âme sera payée selon ses oeuvres (Coran XXXIX:68-70). D'autres traditions mentionnent trois étapes au lieu de deux : d'abord celle de "la consternation où tous seront terrorisés, la terre tremblera, les montages seront élevées, le soleil obscurci et les étoiles tomberont." La seconde est celle de "l'examen" où tous les êtres expireront. Après 40 années de mort générale, viendront des pluies torrentielles et alors aura lieu la troisième étape, celle de "la résurrection" de toute l'humanité.
Les Ecrits semblent unanimes à parler d'une résurrection corporelle. (CoranXVII:53 ; XIX:68 ; LX: 3 ; LXXV:1-4). Puis aura lieu le jugement par l'ange Israfil : Ceux dont la balance penchera jouiront de la félicité. Ceux pour qui la balance sera légère seront les hommes qui se sont perdus eux-mêmes, condamnés à rester éternellement dans la géhenne." (XXIII.104-105). Et l'ange Gabriel, intermédiaire entre Dieu et son prophète, contrôlera le jugement qui précédera le passage du pont Sirat (cité ci-dessus) plus tranchant qu'une épée.
Rappelons qu'il y a deux jugements également dans la croyance des zoroastriens, l'un individuel, l'autre universel. Dans ces deux croyances, le pont à traverser existe. Toutefois, l'enfer et le ciel sont temporaires pour les parsis, alors que l'enfer est permanent pour les infidèles et les idolâtres chez les musulmans. Pour ces deux religions, la plus grande joie du juste, après sa mort, sera de contempler le créateur qu'ils pourront rencontrer. Seul le nom de ce dernier diffère chez les adeptes des diverses religions.
Les traditions hébraïque, zoroastrienne et islamique concordent donc en la croyance d'une vie terrestre préparatoire à la vie posthume, où auront lieu d'abord un jugement individuel, puis un jugement général de l'humanité.
*
FOI BAHA'IE:
L'humanité ayant successivement dépassé l'âge de l'enfance, puis de l'adolescence et de la jeunesse, entre maintenant dans l'âge dit de la maturité. Point n'est besoin d'images d'Epinal et de paraboles, le Messager divin peut s'exprimer clairement et sans détour. Aussi les Ecrits baha'is, révélés au milieu et à la fin du 19ème siècle sont-ils explicites, avec toutefois la limite de la compréhension humaine, certains mystères ne pouvant être appréhendés que dans le royaume supérieur divin où se rendra l'âme après son court séjour terrestre.
Répondant à une question concernant l'évolution de l'âme après la mort, Baha'u'llah écrivit ceci : "Sache en vérité que l'âme, après qu'elle a été séparée du corps, continue de progresser dans un état et dans des conditions que ne sauraient changer ni les révolutions des âges et des siècles, ni les hasards et les vicissitudes de ce monde, jusqu'à ce qu'elle ait accédé à la présence de Dieu. Elle durera autant que dureront le royaume de Dieu, Sa souveraineté, Son empire et Sa puissance. Elle manifestera les signes et attributs de Dieu, et révélera sa tendre bonté et générosité. Ma plume s'arrête, impuissante, quand je tente de décrire la gloire d'un si sublime état. L'honneur que la main de miséricorde conférera à l'âme humaine est tel, qu'aucune parole ne le peut adéquatement révéler, ni aucun autre moyen d'expression le décrire. Bénie l'âme qui, à l'heure où elle est séparée du corps, se trouve purifiée des vaines imaginations des peuples de ce monde ! Une telle âme vit et se meut selon la volonté de son Créateur et parvient au suprême paradis. Les célestes houris, habitantes des plus hautes demeures, s'assemblent autour d'elle, et les prophètes et messagers de Dieu recherchent sa compagnie. Elle entretient librement ces êtres célestes de tout ce qu'elle a souffert dans le chemin vers Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Si l'homme savait ce qui est réservé à son âme dans les mondes de Dieu, le Seigneur des cieux et de la terre, il se consumerait du désir d'atteindre un si sublime, un si resplendissant état … La nature de l'âme après la mort ne peut jamais être décrite et il n'est ni opportun, ni permis, de révéler son véritable caractère aux yeux des hommes.
Il écrit encore : "Le monde de l'au-delà est aussi différent du monde terrestre que celui-ci diffère du monde que connaît l'enfant dans le sein de sa mère. Et quand l'âme sera en la présence divine, elle prendra la forme la plus convenable à son immortalité, la plus digne de son habitation céleste. Son existence, toutefois, est contingente et non pas absolue, en tant que le contingent dépend d'une cause, tandis que l'absolu en est affranchi."
A l'objection faite que la conscience de la personnalité ne pourra pas survivre après la mort physique, puisqu'un simple évanouissement prive l'homme de l'usage de ses facultés mentales, Baha'u'llah a répondu que l'âme était complètement indépendant des infirmités du corps et de l'intelligence, qu'aucune maladie ne saurait affecter l'essence même de l'âme : "Toute âme pure, évoluée et sanctifiée, à la sortie du corps, n'en montera pas moins une puissance et une influence qu'aucune force terrestre en saurait égaler. Elle sera alors douée d'un dynamisme extrêmement puissant et connaîtra une joie sans pareille." On lit ailleurs que ces âmes constituent "le levain qui fait monter le monde de l'être et crée la puissance par laquelle se produisent les arts et toutes les merveilles du monde."
Baha'u'llah nous révèle également que les mondes de Dieu sont infinis dans leur nombre et autant que dans leur étendue. De même, explique-t-il, que le monde des rêves est différent de notre monde puisqu'on peut se déplacer tout en restant immobile, de même les mondes de Dieu sont différents : "Dans chacun de ces mondes et pour chacun d'eux, le Tout-Puissant a établi un ordre de choses que nul autre que Lui, l'Omniscient, le Très-Sage, ne peut sonder".
A la question de savoir où se rendaient les âmes après la mort, Abdu'l-Baha affirma : "Les âmes qui sont pures et immaculées, après la dissolution de leurs structures élémentaires, se hâtent vers le monde divin, et ce monde-là est à l'intérieur de notre monde. Les habitants de ce monde, toutefois, sont ignorants de cet autre monde, et semblables aux minéraux et aux végétaux qui ne savent rien du monde animal et du monde de l'homme".
Telles sont quelques-unes des révélations magistrales que le chercheur trouvera dans les Ecrits lumineux baha'is. Pour saisir tout à fait la nature de cette vie posthume et mystérieuse en bien des points pour nous, faibles humains, il faudra attendre avec foi et confiance l'échéance finale terrestre, car il est aussi écrit : "Lorsque l'âme humaine quittera cet éphémère amas de poussière pour s'élever vers le monde divin, alors les voiles tomberont et les vérités apparaîtront en pleine lumière, toutes choses ignorées jusqu'alors deviendront claires et les vérités cachées seront comprises."
A l'instar de toutes les grandes religions brièvement abordées dans cette étude comparative sur la vie "post mortem", la Foi baha'ie prêche le détachement de ce monde comparable à "une ombre dont la disparition est plus rapide que le battement de la paupière". Abdu'l-Baha nous conseille ainsi : "Ces quelques brèves journées passeront, cette vie présente s'effacera de notre vue ; les roses de ce monde perdront leur fraîcheur et leur beauté, le jardin des triomphes et des délices de cette terre languira et s'évanouira. Le printemps de cette vie se changera en automne de mort, la joie brillante des halls de palace fera place à la nuit sans lune des tombeaux. C'est pourquoi rien de tout cela n'est digne de notre amour et le coeur du sage ne s'y attachera pas."
Avant de conclure, il reste un mot à dire sur l'enseignement qu'on peut éventuellement tirer de ces nombreuses expériences à l'approche de la mort, ou expériences de mort imminente de plus en plus connues du grand public.
Voici plus d'un demi-siècle qu'on essaie d'analyser, d'abord aux U.S.A., puis en Europe, ces expériences de mort imminente puisque c'est un phénomène assez courant qui concerne près de 5% des américains entre autres. Les ouvrages sérieux d'Elisabeth KUBLER-ROSS et du docteur Raymond MOODY sont assez connus. Notons toutefois ce point : presque toutes les personnes qui sont passées par cette expérience, ont ensuite modifié leur système de valeurs en se détachant des possessions matérielles pour s'intéresser davantage aux valeurs spirituelles. Kenneth RING, entre autres chercheurs connus en ce domaine, est catégorique en ce sens dans son livre "Heading toward Omega" dans lequel il analyse 26 cas de NDE (near death experience) similaires dans leur comportement postérieur à leur mort apparente. Rappelons brièvement les 8 points communs à ces expériences de mort imminente selon Raymond MOODY :
- La paix et la tranquillité : la conscience des douleurs physiques a disparu.
- Sortie de son corps mais possession d'un autre genre de corps immatériel.
- Passage dans un tunnel obscur et étroit avec lumière vive en bout de tunnel
- Accueil par des êtres d'amour et de lumière, souvent des amis ou de la famille.
- Ensuite apparition d'un Grand Etre de lumière qu'on identifie au fondateur de sa religion.
- Défilement rapide de sa propre vie en 3 dimensions en prenant conscience de la véritable valeur de toutes ses actions sur terre.
- Impression de voler ou de flotter hors de la terre.
- Répugnance à retourner sur terre : le choix est parfois donné par le Grand Etre de lumière.
Ce genre d'expérience n'est certes pas nouveau. Platon, 2500 ans auparavant, en parle dans sa "République" ; le pape Grégoire-le-Grand également au sixième siècle. Ses descriptions rappellent les étapes d'après la vie terrestre telles qu'on les lit dans les Ecrits hindous et zoroastriens. Gustave DORE en fait une illustration dans sa peinture de "Dante et Béatrice". Avant lui, un peintre hollandais, Hiéronyme BOSCH, a peint une fresque surréaliste connue sous le nom de "Ascension vers l'Empyrée". On y voit ce fameux tunnel obscur donnant sur une lumière vive où des anges attendent les défunts qui se présentent.
Il existe plusieurs théories plus ou moins scientifiques qui tentent d'expliquer logiquement la cause de telles expériences : l'astronome américain Carl SAGAN suggère que le tunnel par exemple ne serait qu'un souvenir de l'expérience de la naissance ; Richard HEINBERG va même jusqu'à penser que ce désir mystique de paradis peut être une réminiscence du paradis d'Adam et d'Eve. Laurent CABROL dans son livre "Dieu, que la mort est belle !" fait part de la théorie troublante du neurochirurgien Wilder PENFIELD qui s'est livré à des expériences au Canada sur les cerveaux humains : des excitations électriques faisaient naître des images correspondantes en partie à celles des NDE (le tunnel, la lumière vive…) mais plus tard il admit que ses expériences n'étaient pas concluantes.
Il est curieux de constater que le "Bardo Thodol", le livre des morts tibétain, décrivait déjà très en détails les phénomènes postérieurs à la mort. L'âme reste quelques jours près du corps, comme le croiront bien plus tard les parsis, et expérimente pendant ce temps-là trois états intermédiaires : d'abord la vision d'un Etre lumineux dans un paysage magnifique et l'âme s'identifie alors à cette lumière. Si elle ne peut pas y arriver, elle éprouve alors un autre état intermédiaire dans une projection de corps assez semblable au corps terrestre et se trouve alors en présence de sept êtres divins ; si l'âme est incapable de s'identifier à eux elle rencontrera sept démons terrifiants qui ne seront en fait que des projections de son subconscient, les démons de ses craintes et de ses désirs. L'âme se meut sans effort en dehors du plan physique, observe ce qui se passe autour du corps abandonné et finit par se trouver en présence de YAMA, le Seigneur de l'autre monde, roi et juge des morts.
Bien qu'on sache combien l'usage des sens peut être trompeur en réalité, alors que les croyants préfèrent s'en tenir, par la foi, aux révélations inspirées des fondateurs de leur croyance, il est intéressant de noter certains parallèles entre ces enseignements religieux et les expériences de mort imminente.
a) Survivance d'une entité non matérielle
La plupart des religions affirment l'existence d'une entité non matérielle, généralement appelée âme, qui survit au corps physique mais qui est d'une nature différente. Cette nature non matérielle est même pour certains le meilleur garant de son immortalité. Le fondateur de la foi baha'ie, Baha'u'llah , déclare qu'après la séparation du corps "l'âme prendra la forme qui convient le mieux à son immortalité et qui sera digne de son habitation céleste". Tous les récits de mort imminente parlent d'un corps qui n'est plus physique, mais comme une forme d'énergie., transparent et spirituel et pourtant formé, ajoutent certains, de différentes parties.
b) L'être de lumière
Chez les chrétiens et les musulmans, l'âme arrive à rencontrer Dieu. (I Corinthiens XIII:12 ; Révélations XXII:4). Paul eut cette même vision d'un Etre de lumière, en l'occurrence le Christ, sur le chemin de Damas (Actes XXVI:13-26) et dans le Coran, sourate 75, versets 22 et 23, on lit : "Ce jour-là; il y aura des visages qui brilleront d'un vif éclat, et qui tourneront leurs regards vers leur Seigneur." On a vu que les zoroastriens justes pourraient contempler leur dieu Ahura Mazdâ sous la forme d'une pure lumière.
D'autres croyances aussi parlent d'êtres saints qu'on rencontrerait dans l'au-delà. Pour les baha'is, l'essence divine ne sera jamais accessible pas plus que nos corps physiques ne pourraient supporter la chaleur intense du soleil même et, pour eux, tous ces messagers divins tels que Krishna, Moïse, Jésus, Zoroastre, Muhammad ou Baha'u'llah sont comparables à des miroirs parfaits réfléchissant la lumière du soleil.
c) Revue de sa vie
On a vu dans les expériences de mort imminente qu'une des étapes du défunt était la passation instantanée de sa vie avec la prise de conscience réelle de tous ses actions. Ceci correspond au jugement décrit dans toutes les religions. Ainsi les expériences négatives qui sont racontées après des tentatives de suicide manquées correspondent à l'enseignement religieux de respecter la vie, en commençant par la sienne propre.
d) La rencontre d'autres personnes,
en particulier la famille et les amis, est commune à presque toutes les expériences de mort imminente. C'est aussi une croyance commune à plusieurs fois. Dans les Ecrits baha'is, on lit : "Quant à la question si les âmes se reconnaîtront dans le monde spirituel, c'est un fait certain car le Royaume est un monde de vision où toutes les réalités cachées seront dévoilées. Combien plus les âmes bien connues deviendront manifestes … combien plus on reconnaîtra ou découvrira les personnes avec qui on a été associé."
Frederick W.H. MYERS, dans son livre "Human Personality and its Survival of Bodily Death" résumait déjà en 1903 le résultat des recherches de la Société de Recherches Psychiques de la façon suivante : "L'observation, l'expérimentation, la déduction ont conduit beaucoup de chercheurs, sont je suis, à croire à une communication télépathique directe, non seulement entre les esprits des hommes qui sont encore sur la terre, mais encore entre ceux-ci et les esprits des défunts. Une telle découverte ouvre aussi la porte à l'idée de la révélation …Nous avons démontré que, parmi beaucoup d'erreurs collectives ou subjectives, de fraudes ou d'illusions, de véritables communications nous parviennent d'outre-tombe…"
"Par des découvertes et des révélations, certaines thèses ont été provisoirement établies au sujet d'âmes de disparus qu'il nous a été donné de rencontrer. Le fait le mieux établi, du moins à mon avis, est que leur état semble être un état d'évolution perpétuelle dans la sagesse et dans l'amour. Leurs affections terrestres persistent et surtout ces amours d'essence supérieure qui s'expriment par l'adoration et le culte… Le malheur apparaît moins comme une chose affreuse que comme un esclavage. Il n'est pas incarné par une puissante entité mais représente plutôt une démence individuelle de laquelle les esprits les plus évolués s'efforcent de libérer toute âme déformée. Point n'est besoin du châtiment par le feu : la découverte du moi est la punition ou la récompense de l'homme, ainsi que la connaissance de soi-même et l'intimité ou l'éloignement d'âmes amies. Car, en ce monde-là, l'amour est véritablement ce qui préserve l'individu ; la communion des saints n'orne pas seulement la vie éternelle, mais elle la constitue. Bien mieux, des lois de la télépathie, il résulte que cette communion a sa valeur pour nous ici-bas aujourd'hui même. Dès à présent, l'amour des âmes envolées répond à nos invocations. Dès à présent, notre souvenir affectueux – l'amour est en lui-même une prière – soutient et fortifie les esprits délivrés dans leur voie ascendante."
Au cours de cette esquisse, nous avons survolé les croyances générales eschatologiques de quelques cinq milliards d'individus, un milliard cent millions environ étant classés comme incroyants ou athées. Des preuves baha'ies ont été avancées en faveur de l'immortalité de l'âme et pour la plupart des gens, cet univers visible ne peut avoir de sens que s'il en existe un autre ou d'autres invisibles qui donnent un sens à la vie terrestre passagère. C'est ce que confirme cette société de recherches psychiques ainsi que les expériences de mort imminente.
Une partie importante des croyants croient en la réincarnation et le reste ou presque à la résurrection des corps. La foi baha'ie se porte à faux sur ces points :
a) La croyance en la réincarnation n'est pas logique du fait qu'on devrait voir des gens heureux sur terre puisque les vies successives auraient lieu pour évoluer et obtenir des récompenses avant l'anéantissement dans un nirvana qui apparaît comme le néant. Or, combien peu d'être humains se proclament vraiment heureux et comblés ici-bas !
b) Non seulement on ne se souvient pas de "ses vies antérieures", mais le changement d'état ne peut pas s'obtenir en revenant constamment : les ténèbres, en revenant constamment, ne donneront jamais la lumière, pas plus qu'une succession d'erreurs aboutira automatiquement à la vérité.
c) Si, comme l'enseigne la foi baha'ie, "le visible est l'expression de l'invisible, on ne voir jamais dans la nature deux êtres absolument identiques : deux fruits ne peuvent pas être composés des mêmes éléments et à chaque saison on assiste au retour de l'espèce, jamais à celui de l'individualité du fruit."
d) Les théologiens prétendent que l'évolution suit une circonférence qui part d'un point situé en haut pour se diriger vers le bas en traversant les règnes minéral, végétal, animal puis humain, à savoir l'arc de descente ou de matérialité. A partir de ce point bas commence l'arc ascensionnel, celui de l'évolution qui comporte de nombreux degrés dans la spiritualité. Or la pointe de compas, en décrivant cette circonférence symbolique, ne revient jamais en arrière, ce serait contraire à l'ordre naturel. Le retour d'une âme après la mort n'est pas plus possible pour un homme qu'il ne lui est possible de rajeunir, de même qu'il est impossible à un bébé de rentrer à nouveau dans le sein de sa mère.
Quant à la résurrection des corps, des scientifiques se sont amusés à avancer un chiffre fabuleux qui correspondrait sensiblement au nombre d'êtres humains qui ont vécu sur terre depuis plus d'un million d'années. Ils en ont conclu que, si cette résurrection était possible, il faudrait entasser tous ces milliards de corps les uns sur les autres sur plusieurs couches pour qu'ils puissent tenir sur la totalité des surfaces terrestres de la terre !
On est surpris de voir combien nombreuses sont les sectes qui surgissent pas milliers depuis un certain temps, preuve d'une certaine recherche spirituelle de la part des êtres humais. La raison en est que lorsqu'une grande lumière apparaît, elle rayonne tout autour d'elle. Tous ces mouvements réformateurs ou spiritualistes ont souvent des enseignements élevés similaires à ceux de la dernière Révélation divine en date, la révélation baha'ie : ils sont des reflets nés pour la plupart d'entre eux après l'apparition de la lumière divine. Le Mithraïsme a existé au temps du Christ avec des enseignements semblables à ceux du Christ mais il a échoué alors que le Christianisme vit encore parce que la lumière primaire dominante était la puissance spirituelle et lumineuse du Christ, Manifestation divine.
Aujourd'hui, à travers toutes les tendances de notre époque, les enseignements eschatologiques et sociaux de la Foi baha'ie nous apparaissent comme la véritable pierre de touche du coeur et de l'esprit car tant la vie que l'oeuvre de Baha'u'llah le font resplendir comme le centre focal de la lumière, et le centre sera toujours plus puissant que ses reflets.
N.B.
Les citations de la Bible judeo chrétienne sont tirées de Louis SEGOND
Celles du Coran de la traduction d'Albin de Biberstein KAZIMIRSKI
Celles de la Bhagavad Gîtâ de SRI AUROBINDO adaptée par Philippe B. SAINT-HILAIRE
Les citations baha'ies peuvent être trouvées dans le site www.religare.org
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